dimanche 8 août 2010

En marge - une phrase de Bill Bryson

J’accumulais les kilomètres, traversant des terres agricoles sans relief et des villes sans vie : Hull, Pittsfield, Barry, Oxville. Sur la carte routière, Springfield était situé à cinq centimètres à droite d’Hannibal, mais le voyage m’a semblé durer une éternité. En fait, il a vraiment duré une éternité. Je commençais tout juste à me réhabituer aux dimensions du continent américain où les États ont la taille de pays entiers – l’Illinois est grand comme deux fois l’Autriche, comme quatre fois la Suisse. C’est fou le vide et l’espace qu’il y a entre deux villes. Vous traversez une ville où la gargote du coin semble un peu encombrée et vous vous dites : « Tiens, je vais attendre d’être à Ploucville pour prendre un café, c’est le prochain patelin », et vous reprenez la nationale où le premier panneau routier indique : PLOUCVILLE 180 KM. Alors vous vous rendez compte que vous êtes passé à une toute autre échelle géographique.

Motel blues
, Bill Bryson, Éditions Belfond, 1993