vendredi 7 juin 2013

Vases communicants / Danielle Masson

1058e jour de voyage - Je laisse pour la journée les clés de la maison Dreamlands 
à Danielle Masson qui m'accueille pour sa part, grande fierté pour moi, sur Jetons l'encre

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Un jour, en lisant les différents textes des vases Communicants, j’ai découvert Dreamlands et je suis restée sans voix.
Les mots, les histoires, les photos m’ont étourdie.
J’ai aimé ses « je cherche »…
Une idée a germé, un projet s’est mis en place, une aventure de longue haleine… à suivre pour rêver.

Aujourd’hui mardi 4 juin 2013, où j’essaie de finaliser mon texte, 1 055ème jour du voyage.

J’ai eu une envie de reprendre le cours de mon voyage et me suis glissée dans les pas des différents posts, le 1008ème par exemple. Je suis allée de 100 en 100, puis de 32 en 32, puis me suis mise à dévorer les articles de tout un sujet puis une idée folle m’a traversée l’esprit.

Et si, au cours de notre échange, je l’emmenais au coin d’une rue où il y a trop longtemps que j’ai traîné mes chaussures, une rue d’une ville où il ne serait pas encore allé.

Tout d’un coup, moi qui suis partie de ma région il y a maintenant…. Je n’ose plus regarder le calendrier, le numéro 280 m’est soudain revenu en mémoire.

Il s’est imposé à moi.
J’ai osé lui confié l’adresse : 280 avenue Félix… 5 adresses possibles…. Géneslay, cela se précise… une seule… au Mans dans la Sarthe.

J’ai chaussé mes bottes de sept lieues, me suis rendue sur Google Maps et je suis restée….
  Oui, c’est bien là…
 


Non,

Avant, quand j’étais très jeune enfant, il n’y avait pas de route si large passant devant cette maison ; la route d‘Angers, comme on disait, nous emmenait vers une oseraie sauvage…
Mais je crois que la dernière fois que je suis passée devant, la façade était rosée et du temps de Pépé Fulbert elle était grise.

Non, il n’y avait pas de mur et de grand portail. tout était ouvert… très facile comme cela de passer dans la maison d’à côté et surtout vers celle d’après qui n’existe plus… la maison des autres grands-parents.
Oui, il y avait la traction noire derrière la porte du garage. Nous partions souvent le dimanche au restaurant, longions le mur du château de la Belle au bois dormant (Pépé l’a dit donc elle existait. Interdit de contredire l’enfant rieuse au chemisier à col Claudine)
Non, les barres d’appui fenêtre n’étaient pas bleues. Pourquoi maintenant deux couleurs ?
(quelle bonne idée avant juin 2012 d’avoir repeint en blanc la porte d’entrée qui était bleue en août 2009).
Oui, la fenêtre tout là- haut, il y avait un mystère derrière au 2ème étage 

le rappel de la peur de monter cet escalier…


Pourquoi manque-t-il de la peinture blanche pour finir à gauche de l’encadrement de la porte du garage ?
Oui, la maison d’à côté
celle de Marraine et de Tonton Daniel, dont j’ai hérité le prénom
Non, où est passée la porte de garage de la maison d’à côté, dans lequel nous jouions au train électrique

Oui, pour ces persiennes en fer qui grinçaient quand on les ouvrait.
Maintenant des volets roulants… devant, derrière…


Non, avant il n’y avait pas de porte pleine marron sur le mur de clôture de la maison du 280.
Oui, le chapeau de la cheminée de la buanderie, je m’en souviens, il sifflait quand le vent soufflait
Non, il n’y avait pas de goudron le long du mur, juste des herbes folles et même des coquelicots…


Oui, le garage où il y avait mon vélo avec ses deux petites roues… où a-t-il fini ses escapades ? quel enfant l’a enfourché ? Je n’étais pas douée et l’ai très peu utilisé.
Non, pas de claustras.
Juste un grillage qui me permettait de converser avec mon cousin quand j’étais pour la journée chez mon grand-père paternel. On ne mélangeait pas les torchons et les serviettes en ce temps-là.
Vrai ou faux, c’est ce qu’un bout de choux se souvient 50 ans plus tard.

Oui, la petite avancée en tuiles pour se protéger de la pluie… je veux la même ici en Provence pour pouvoir éviter d’être trempée quand je veux rentrer chez moi. Mais pas le bon style !!!

Oui, cette autre fenêtre avec ses persiennes à quatre lames. Là, derrière, c’était le grenier magique avec le souvenir de l’odeur de livres. Des grands livres illustrés, des vieux journaux… une vraie caverne d’Ali-Baba…
Cela fait chaud au cœur de revoir cette maison mais cela remue aussi souvenirs et peines.

Longtemps que j’avais arpenté les rues de ma ville natale, de mon quartier  nommé Maroc – route d’Angers.
Bien longtemps que j’avais pensé à cette maison.
C’était celle de mes grands-parents paternels.

Si je me souviens bien, construite vers 1935 quand l’appel de l’Ouest pour le travail fut le plus fort pour Pépé Fulbert ; maison quittée à la fin des années 70 pour une maison plus fonctionnelle, où habite toujours ma sœur, non loin de nos parents.

Le 28 avril 2013, mon beau-frère nous fit la mauvaise surprise de tirer sa révérence.
Je suis montée ds un train, suis revenue chez moi.
Je suis passée devant cette maison avant d’aller lui rendre un dernier hommage.
Je ne fus pas surprise, j’avais revu la maison avant…

Mon regard l’a juste effleuré… pas le temps de…
 •
Comme je n’ai pas eu le temps d’aller voir une dernière fois la mythique salle Gouloumès, rue des Sablons.
Son parquet est à vendre avant qu’elle ne disparaisse sous les coups des bulldozers.



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Texte et images de Danielle Masson.
Si vous voulez retrouver mon voyage du jour, il vous faut vous rendre maintenant sur Jetons l'encre.
Cet échange se passe dans le cadre du projet des Vases communicants : “Le premier vendredi du mois, chacun écrit sur le blog d’un autre, à charge à chacun de préparer les mariages, les échanges, les invitations. Circulation horizontale pour produire des liens autrement… Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre.”