dimanche 30 mars 2014

Aveuglant amour - Braddock

1236e jour - L’homme dit : Cela a duré tout un été, toutes les après-midi. On se tenait sur le perron, chacun de notre côté de la rue.
Nous restions là, l’un en face de l’autre d’une certaine façon. Je l’observais. J’avais bien l’impression qu’elle en faisait tout autant. Putain, elle restait tournée vers moi, comme ça. Et elle ne cillait pas… J’étais nouveau dans le quartier. Je ne connaissais personne. Je ne savais rien d’elle si ce n’est que je la trouvais attirante.
J’aurais aimé la rejoindre. Mais je suis timide, c'est sûr. Et puis, il y avait comme une frontière entre nous, je le voyais bien, difficile à expliquer…
J’attendais, je crois, qu’elle se manifeste, qu’elle esquisse ne serait-ce qu’un geste. Combien de fois me suis-je imaginé l’enlever ? Combien de fois l’ai-je imaginée me chuchoter des mots doux ?
J’ai honte mais la vérité c’est que je n’ai rien remarqué. Ce n’est qu’au bout d’une quarantaine de jours alors que je passais devant chez elle que je l’ai aperçue qui descendait les trois marches qui mènent à la rue. Je me suis figé. C’est stupide mais pendant une fraction de seconde je me suis dit : Tiens, c’est bizarre, elle manque d’assurance. C’est alors que j’ai aperçu sa canne blanche.

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